Eugen Sandow VS Arnold Schwarzenegger
Eugen Sandow et Arnold Schwarzenegger sont deux emblèmes de concours international de bodybuilding.
Eugen est le pionnier du bodybuilding, et le premier à avoir pratiqué ce "sport spectacle".
D'ailleurs, il y a un trophée qui porte son nom "The Sandow" et qui est décerné aux personnes remportant le titre de Mr. Olympya. Ce prix, tant convoité, par les bodybuilders, représente Eugen Sandow, portant une barre d'altère.
Eugen Sandow (1867-1925)
Arnold Schwarzenegger (1947-)
1. A la poursuite d'un idéal commun par-delà les siècles.
L'image
de l'Homme musclé existe depuis l'antiquité, en effet, les statues
gréco-romaines comme Héraclès évoquaient déjà ce besoin d'idéaliser le corps
masculin selon certains canons de l'époque l'homme devait être fort, puissant et musclé.
A la fin
du 19éme siècle, Eugen Sandow (né le 2 avril 1867 en Allemagne et mort
à Londres le 14 octobre 1925) est le premier bodybuilder à développer la
notion de sculpture du corps (body building) qui devint l'objectif de
cette nouvelle pratique qui se distingue des démonstrations de force musculaire
brute, des exhibitions de foire. D'une renommée internationale,
Sandow «prenait des poses » lors des compétitions ; le public contemplait
ébahi et envieux son corps musclé. Eugen Sandow s'est largement inspiré de
statues romaines de gladiateurs et de héros mythologiques car il cherchait une
esthétique musculaire reproduisant un idéal antique, plutôt qu'une
démonstration de force brute. Il fut surnommé
« l'Hercules modern » ou encore « le père du culturisme moderne».
Au 20éme siècle, Arnold Schwarzenegger (né le 30 juillet 1947 à Thal, en Autriche) se passionne dès l'âge de 13 ans pour le culturisme. Son but est de devenir l'homme le mieux bâti du monde. Après plusieurs années d'entrainement, il atteint son rêve en obtenant 5 fois le titre de Mr. Univers et 7 fois le titre de Mr. Olympia et devient un grand nom du bodybuilding.
Entre Eugen Sandow et Arnold Schwarzenegger, presque un siècle les sépare, mais tous deux visaient le même objectif.
En effet, par la pratique du culturisme (appellation au 19éme siècle) ou du bodybuilding (appellation du 20éme siècle), l'enjeu consiste à développer sa masse musculaire pour des raisons essentiellement esthétiques. Nous comprenons alors que le bodybuilding allie à la fois un entraînement intense et la recherche d'un idéal esthétique et artistique. Pour cette raison, le bodybuilding est considéré comme de la musculation à outrance et renvoie à une image de personne qui « fait de la gonflette » ne possédant aucune véritable force dans son muscle mais uniquement une belle forme de muscle.
Les mesures du corps sont éloquentes. Voici les mesures enregistrées par les deux compétiteurs durant l'apogée de leur carrière.
2. De l'exhibition « spectacle » à la pratique compétitive médiatisée.
Les concours de bodybuilding ne contiennent pas d'éléments sportifs comme le soulevé de terre, qui est pratiqué en haltérophilie. Il s'agit essentiellement d'une démonstration du corps et des muscles sculptés et voyants. La première grande compétition de bodybuilding a été organisée par Eugen Sandow, qui a popularisé le culturisme par ses nombreuses expositions personnelles en Europe et en Amérique. Cette « grande compétition », comme il aimait à appeler son concours, a eu lieu en 1901 en Angleterre.
Eugen Sandow établit les bases des compétitions de bodybuilding qui sont toujours d'actualité. Le gagnant de ce concours n'est pas l'homme plus musclé car ce qui est apprécié n'est pas la force musculaire mais, la forme des muscles.
D'ailleurs, les critères appréciés par les jurys sont :
-Le développement uniforme sur le corps
-La santé générale
-L'état de la peau
Ce regard particulier sur le corps s'explique par le fait que le jury est composé de personnalités du monde de l'art et du corps médical comme :
- Charles Lawes (sculpteur et sportif)
- Arthur Conan Doyle (écrivain et médecin britannique célèbre romancier des romans et nouvelles mettant en scène le détective Sherlock Holmes)
- et bien évidement Eugen Sandow (sportif, culturiste)
L'effet recherché à cette période est le développement harmonieux du corps dans le respect du corps et la santé du compétiteur.
La pratique compétitive du culturisme arrive en Europe à la fin du XIXème siècle mais ne sera reconnue qu'en 1920 grâce à Earle Lieberman, un illustre écrivain et sportif qui publie un traité sur le bodybuilding. Dans cet ouvrage, Lieberman démontre qu'il existe un seuil d'intensité permettant d'obtenir l'effet désiré, l'augmentation de la masse ou de la force musculaire.
Désormais, lors d'un concours, le bodybuilder se présente devant un jury et exécute une chorégraphie sur musique pour enchaîner différentes positions afin de montrer sa musculature. Les veines apparentes sur les muscles rappellent les illustrations des planches d'anatomie où chaque muscle est parfaitement dessiné, ce qui donne la perception d'une perfection du corps.
Cette musculature « hors normes » peut intriguer les personnes extérieures au monde du bodybuilding. Cependant, nous pouvons être fascinés par le résultat spectaculaire obtenu par le compétiteur qui est parvenu, après de longues heures d'entrainement et un régime alimentaire restrictif, à mettre en relief avec une telle précision chaque muscle du corps.
Les compétitions auxquelles les plus grands bodybuilders participent sont des concours pour remporter le prix de Mr. Olympia ou encore Mr. Univers. Le culturisme est au départ une pratique exclusivement masculine mais dans dans les années 80, les femmes sont autorisées dans les concours.
Les juges observent et comparent les corps musclés des bodybuilders. Leur évaluation porte sur la symétrie, la ligne, la tonicité, le développement musculaire, les veines qui ressortent.
La veille de la compétition et juste avant le passage sur
scène, le bodybuilder enduit tout son corps d'un produit bronzant nommé :
Tan. Ce produit a pour objectif d'unifier la couleur de la peau d'un bronzage
artificiel pour faire ressortir les veines, les muscles et mettre du relief sur
le corps. Le Tan accentue « la sèche » qui est un régime spécifique
qui vise à mettre en relief les formes du muscle. Nous aborderons plus en
détail ce régime dans la partie de la nutrition du bodybuilder.
3. Dérives d'une pratique compétitive sous l'emprise de « substances illicites ».
A son époque, Eugène Sandow était considéré comme un modèle pour le bodybuilding. Soulignons qu'Eugen a réussi à modeler son corps sans l'usage de substances illicites telles que les stéroïdes puisqu'il est mort 10 ans avant que la testostérone ne soit découverte par les scientifiques. Par sa pratique ascétique, Eugène a montré au monde la musculature qu'un homme pourrait atteindre par un changement de mode de vie et un entrainement orienté exclusivement sur le développement de la masse musculaire.
A contrario, Arnold Schwarzenegger a admis avoir utilisé des anabolisants sous forme de stéroïdes lorsque leur utilisation était encore légale. En 1977, il a écrit sur ce sujet que les « stéroïdes l'aidaient à maintenir sa masse musculaire pendant les régimes dans la préparation des compétitions » et qu'il « ne les utilisait pas pour accroître ses muscles ». Schwarzenegger affirme n'avoir plus utilisé de stéroïdes depuis 1990, dès l'instant où ils ont été déclarés illégaux. Mais les doutes subsistent, d'ailleurs, pour la petite histoire, notons qu'en 1999, Schwarzenegger a poursuivi en justice le docteur Willi Heepe, un médecin allemand qui avait prédit sa mort prématurée à la suite d'un accident vasculaire dû à sa consommation de stéroïdes. Comme ce médecin ne l'avait jamais examiné personnellement, Schwarzenegger gagna son procès et reçut 12 000 dollars de dommages et intérêts.
Nous avons démontré qu'au cours du temps, si l'enjeu d'augmenter la masse musculaire de manière harmonieuse demeure, les façons de parvenir à cet objectif de « l'idéal antique » seront différentes. En effet, les nombreuses heures d'entrainement ne suffisent plus pour accroitre la masse musculaire, les compétiteurs actuels utilisent des compléments alimentaires mais également des substances illicites pour augmenter leur masse musculaire plus rapidement et de façon plus importante. Notons que si la fédération française de bodybuilding se revendique contre l'usage des substances illicites, le milieu est très peu bavard sur les dérives des compétiteurs. La loi du silence tombe brutalement telle une chape de plomb. D'ailleurs, il nous a été impossible d'aborder le sujet avec un pratiquant de bodybuilding interviewé.
